Bouger … jusqu’à danser

Bouger … jusqu’à danser

Bouger, oui, mais pourquoi ? Quand le mouvement devient-il une danse ?
« Bougez-vous, ça fait un bien fou ! » Juste pour se défouler de tout ce stress et de l’excès de bruits qui nous « impressionnent » au quotidien. Nous manquons de filtres face aux stimulations multiples de l’environnement urbain si loin de nos besoins naturels de base. Bouger, courir en forêt, se défouler… ou … ne plus bouger ?


Une apparente immobilité devient soudain un vertigineux mouvement intérieur, rendu visible par le souffle de l’air ; nombre d’entre nous se tournent vers les pratiques de méditation, pleine conscience, yoga, insight et autres arrêts sur images qui nous ouvrent les portes à de nouvelles sensations, à une autre manière d’être au monde et de nous é-mouvoir. Nous plongeons dans une immobilité où la respiration prend de l’ampleur avec la prise de conscience des flux émotionnels qui traversent le corps.


Cette richesse qui nous émeut lorsque nous sommes dans un état d’écoute silencieuse et immobile, je fais le pari que nous pourrions aussi l’atteindre en dansant.
A quel moment, le mouvement devient-il une danse ?

Il y a quelque temps, une carte postale avait attiré mon attention: un homme asiatique vêtu d’un beau vêtement de satin blanc en équilibre dans les airs, jambes écartées et pieds adossés aux tiges de bambous à quelques mètres du sol. Je suis fascinée… A l’instar des personnages du film « le secret des poignards volants », cet homme semble suspendu dans le vent et flotter parmi les végétaux; ondulations imaginées qui lui donnent beauté et poésie. Au bas de l’image, une phrase : « trouver l’immobilité au sein du mouvement ».
Nous voici dans un lieu où le mouvement devient autre chose que le simple fait de bouger, le stade où il se transforme en danse, où chaque geste reflète, d’instant en instant, la conscience même de ce geste, le flux de la vie qui le traverse. Il ne s’agit plus de chercher à tout prix le calme, ni au contraire, de se forcer à bouger pour le simple fait de remuer. L’immobilité qui n’est pas statique devient une recherche constante de l’équilibre.
La beauté de l’homme de la carte postale suspendu parmi les végétaux allait de soi ; il était en mouvement constant et subtil, tout juste capté par l’œil du photographe.


Comme une danse avec le vent et les bambous.
Nous entrons dans un monde où la conscience du mouvement affleure à la lisière de l’inconscient, surgi des profondeurs. Sur le fil entre la vie et la mort, entre ce qui naît et ce qui s’éteint. Un passé révolu, un futur non advenu, un mouvement d’éternité. A ce moment précis, comme l’homme de la carte postale suspendu entre les bambous, je ressens, j’écoute le corps penser et sentir par où « ça passe », la circulation du vivant. Mon esprit a tout juste le temps de poser une intention que déjà le corps a montré le chemin. Dans ce mouvement à peine ébauché, en équilibre, la respiration se met en cohérence parfaite avec le corps qui bouge, naturellement, sans y penser. L’âme s’incarne et le mouvement devient la danse.

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